Ein El-Hilwa

Vivre sous la menace quotidienne de la démolition de leur maison a un effet dévastateur sur les familles de la région d’Al Maleh, dans le nord de la vallée du Jourdain.

Selon les mots de Qadri Daram d’Ein El Hilwe:

«Nos enfants n’ont même pas le droit de profiter de la vie. Ils pleurent pendant la nuit. Ils ont peur. Je pense que chaque enfant de la région a besoin d’un psychologue. »

Les forces israéliennes ont émis des ordres de démolition dans les villages d’Umm Jamal et d’Ein El Hilwe (dans la région d’Al Maleh, dans le nord de la vallée du Jourdain), indiquant leur intention de démolir les maisons d’environ 300 Palestiniens.

Des drones israéliens ont survolé les alentours en mission de surveillance et la population locale est régulièrement arrêtée pour des vérifications d’identité. Malgré la frustration et les difficultés des dernières semaines, les habitants des villages d’Umm Jamal et d’Ein El Hilwe sont déterminés à rester sur leurs terres et à faire face au harcèlement à venir des forces d’occupation israéliennes. Leurs raisons sont simples, comme l’explique Qadri:

«Mon grand-père et mon père vivaient tous les deux ici avant moi et avant l’occupation israélienne. Ma famille est propriétaire de ce terrain depuis si longtemps ».

Les familles d’Al Maleh demandent à la communauté internationale aide et solidarité dans leur recherche d’une existence paisible et sûre. Les ordres de démolition indiquent qu’ils pourraient survenir à tout moment à partir du 9 Novembre. Les familles craignent que les forces d’occupation attendent le temps le plus humide et le plus froid pour effectuer les démolitions, ainsi elles seraient le moins en mesure d’y faire face, comme cela a été leur expérience ces dernières années.

Appel au soutien

Nous sollicitons tout le monde à continuer de contacter leurs élus représentants , en les appelant à faire pression pour faire cesser les démolitions.

Ordres de démolition cachés sous des pierres

L’histoire des familles est un parfait exemple de ce que la vie dans la vallée du Jourdain peut signifier. Aucun des habitants n’a été directement informé par les forces militaires israéliennes des plans de démolition de leurs maisons. Le 1er novembre 2017, les ordres de démolition ont été laissés sous la forme d’un simple morceau de papier sous un rocher près de leurs maisons. Les papiers n’ont pas été remarqué avant le 9 Novembre, ce qui signifie qu’ils avaient très peu de temps pour trouver un avocat et essayer d’arrêter les démolitions.

Les ordres de démolition sont la dernière action d’une campagne en cours menée par les forces d’occupation et les colons dans le but du nettoyage ethnique contre les Palestiniens de la vallée du Jourdain afin qu’ils puissent être annexés à Israël.

Qadri et sa famille vivent sur cette terre depuis des générations, maintenant lui, sa femme et leurs enfants doivent faire face à de nombreuses difficultés. Ils ne sont pas autorisés à construire quoi que ce soit sur leur propre terre et sont contraints de vivre sans eau ni électricité, tandis que la colonie israélienne illégale voisine de Maskiyot s’étend et dispose de toutes les ressources dont elle a besoin.

Eau

La source d’eau ne peut plus être utilisée par les Palestiniens

L’eau qui fournie la colonie provient d’une source locale située à côté d’Ein El Hilwe, mais Qadri et sa famille sont tout de même contraints d’acheter de l’eau et la transporter par tracteur et réservoir d’eau portable. La famille de Qadri s’approvisionnait en eau depuis la source, mais lorsque les colons sont arrivés, ils attaquaient tout Palestiniens qui se trouvait près de la source et ont commencé à l’utiliser comme site de baignade, la revendiquant comme source sainte. Cela rendait l’eau sale et non propre à la consommation.

La source d’eau est un problème permanent qui représente un point crucial de l’état d’occupation. Depuis 1967, Israël utilise le contrôle de l’eau comme un outil offensif pour forcer les Palestiniens à quitter leurs terres.

Réservoir à eau utilisé pour transporter l’eau avec un tracteur. C’est le seul moyen que les familles ont qui leur permet d’avoir accès à l’eau potable, pour boire, nettoyer, cuisiner etc…

Ils ont utilisé une multitude de tactiques au fil des années: refuser la permission pour tout type de travaux d’entretien ainsi que d’amélioration des système de pompe; creuser des puits plus profonds à proximité afin que les sources d’eau souterraine s’assèchent; endommager la zone durant la saison du printemps; permettre aux eaux usées des colonies de s’écouler dans le système d’eau; surexploiter l’eau disponible; cibler les infrastructures hydrauliques lors des attaques militaires; confisquer ou détruire les réservoirs utilisés pour recueillir l’eau de pluie; ou simplement par le sabotage direct des colons, comme l’intoxication par l’eau et les dommages aux structures. Tous ces éléments sont constamment employés pour parvenir au nettoyage ethnique des Palestiniens de la vallée du Jourdain.

Entrainement militaire

Un de ces nombreux panneaux d’avertissement qui ont été placé le long des communautés de la Vallée du Jourdain

L’eau n’est pas le seul aspect de la vie ciblé par l’occupation. Quiconque conduit le long de la route de Tubas à la vallée du Jourdain peut facilement voir les énormes blocs de béton tous les quelques mètres, avertissant que le terrain a été déclaré zone de tir où des armes réelles seront utilisées. Il n’y a aucune inquiétude pour les habitants des villages palestiniens dont les maisons et les pâturages sont devenus de fait des zones d’entraînement militaire. En installant ces panneaux en pierre, des pressions sont exercées sur les familles palestiniennes pour qu’elles évacuent et quittent la région, ouvrant ainsi un espace pour l’expansion des colonies.

L’élevage du bétail

En raison des restrictions permanentes de mouvement, les bergers ont toujours du mal à trouver un endroit où leur troupeau peut paître, ce qui les oblige à acheter de la nourriture pour les moutons et les chèvres. Cela ajoute un fardeau supplémentaire lorsqu’ils luttent déjà pour survivre.

L’histoire de Qadri n’est qu’une parmi tant d’autres que regorge la vallée du Jourdain. Depuis l’occupation de 1967, la situation s’est aggravée. Une observation démographique peut l’illustrer: avant 1967, plus de 320 000 Palestiniens vivaient dans la vallée du Jourdain, aujourd’hui environ 60 000.

L’avenir des communauté d’Umm Jamal et d’Ein El Hilwe est très incertain, mais les habitants restent déterminés à résister et à rester sur leurs terres. Les familles écoutent désespérément les nouvelles chaque jour, attendant des réponses.

Terres prises par les colonies

Qadri décrit le harcèlement constant auquel sa famille a dû faire face au cours des dernières décennies: «Ils utilisent la même stratégie depuis des années pour faire sortir les Palestiniens d’ici. Mais avant l’accord d’Oslo (1995), il y avait plus de bases militaires ici et de soldats, puis les soldats sont partis et les colons israéliens sont arrivés ». Il fait spécifiquement référence à la base militaire désaffectée qui est discrètement cachée sur la colline juste au-dessus d’Ein El Hilwe, qui se trouve maintenant sur un terrain contrôlé par la colonie de Maskiyot. La colonie a été créée par des colons venus de Gaza en 2005, qui continu de harcelé et attaqué la population locale depuis leur arrivée. Ils ont pu s’agrandir et construire davantage de maisons, s’appropriant de plus en plus de terres palestiniennes locales, tandis que les Palestiniens ont été constamment limités, restreins, détruits et attaqués.

Le long de la route, à Umm Jamal, le changement dans la vie des gens au cours des 50 dernières années est inimaginable. Historiquement, c’était une très belle région avec une source d’eau qui a finalement été développée et transformée en une station touristique avec un hôtel entouré de palmiers et un spa. Tout cela a changé avec l’occupation de la Cisjordanie en 1967, lorsque les Palestiniens se sont vu systématiquement refuser l’accès à toute infrastructure et ont vu la destruction absolue de leur économie.