Contexte et pertinence du projet

A. Fasayel : situation et histoire

Fasayel est un village d’agriculteurs et d’éleveurs palestiniens, installés ici depuis les années 1920. Le village se situe dans le gouvernorat de Jéricho, au sud de la valée du Jourdain, et sa plus ancienne maison du village a quatre-vingts ans.

Le village est très étendu, sur 240 hectares. Il se divise en trois parties : Fasayel el Tahta, Fasayel el Wosta, Fasayel el Foqa. Autrefois, beaucoup de familles vivaient ici, elles cultivaient des bananes, des citrons, du raisin, des dattes… Elles possédaient un puits pour l’eau, construit avant 1967 avec un permis jordanien. Tout le village était verdoyant.

Puis les Israéliens à partir de 1967 ont occupé la vallée du Jourdain, et ont construit trois puits dans le village. Ils ont interdit aux Palestiniens de creuser à plus de cent-cinquante mètres de profondeur, et ont creusé juste à côté jusqu’à 800 mètres. De ce fait, le puits palestinien s’est trouvé asséché, et très vite la terre n’a plus été cultivable. Plus de cents familles ont donc quitté le village pour aller trouver du travail à Jéricho, Tubas ou Naplouse.

B. Situation actuelle 

Depuis les accords d’Oslo, Fasayel est divisé en trois parties. Fasayel el Tahta est une zone B, sous contrôle mixte israélien et palestinien. Les maisons sont construites en matériaux solides, et il y a une école et une épicerie. Mais ce n’est qu’une petite partie du village. Fasayel el Wosta et Fasayel el Foqa sont en zone C, sous contrôle militaire et civil israélien. De ce fait, la situation y est plus compliquée. Six maisons sont menacées de démolition à Fasayel el  Foqa. Fasayel el Wosta est la partie du village qui vit dans les conditions les plus difficiles  : il y a dix ans, les Israéliens ont détruit toutes les maisons, trois fois dans le même mois. Quelques familles sont restées malgré tout, et vivent aujourd’hui dans des tentes ou baraques en tôle. Toutes ces habitations temporaires ont également reçu un ordre de démolition de la part des Israéliens, qui peuvent arriver à tout moment. Trois ont été démolies en avril 2014.  Cette situation extrêmement angoissante entraîne de nombreux troubles psychologiques chez les habitants, notamment les enfants et les femmes. Fasayel el Wosta est la cible principale des Israéliens car les colons de Tomer souhaitent récupérer cette terre pour la cultiver. Ils ont déjà confisqué toutes les terres situées entre la route 90 et la frontière avec la Jordanie, qui appartenait autrefois aux familles de Fasayel.

Building a road to Fasayil al Fouqa 2014 4Aujourd’hui, Fasayel comprend 1500 habitants. L’eau arrive au village un jour sur quatre, et l’électricité ne fonctionne pas toujours bien. La majorité des habitants de Fasayel el Wosta et de Fasayel el Foqa élève des moutons et des chèvres, et produit du lait et du fromage. Mais une grande partie des habitants de Fasayel travaillent désormais dans les exploitations des colonies israéliennes, faute de pouvoir travailler sur leur terre, du fait du manque d’eau. Leurs condition de travail sont extrêmement difficiles : huit heures par jour, sous une chaleur souvent écrasante, sans couverture santé ni retraite, pour cinquante à soixante-dix shekels la journée. 

La campagne de Jordan Valley Solidarity à Fasayel jusqu’à aujourd’hui

Jordan Valley Solidarity a commencé sa campagne pour Fasayel en 2007. A cette époque, il n’y avait pas de connexion au réseau électrique, pas d’eau, il n’y avait aucune maison construite à Wosta et Foqa, et il n’y avait qu’une seule école, celle de Fasayel el Tahta. Lorsque nous nous sommes intéressés à ce village, nous avons commencé par une recherche auprès des gens, pour évaluer leurs besoins et comprendre leur situation, et pour leur expliquer qui nous étions et pourquoi nous étions ici. Puis les habitants ont décidé qu’il fallait construire une seconde école, à Fasayel el Foqa, et nous nous en sommes occupés. Nous l’avons construite avec des briques de terre, selon la tradition palestinienne. A l’époque nous n’étions pas des professionnels, cela a donc été très difficile, et il nous a fallu nous y reprendre à trois fois. Finalement, nous avons construit trois pièces, et nous avons pu l’ouvrir officiellement. Immédiatement, les Israéliens nous ont donné un ordre de démolition. Nous avons donc mené une campagne de communication auprès des médias et des politiques, afin de sauver cette école, et ça a marché! Aujourd’hui, cent-quatrevingt enfants y sont scolarisés.

Suite à ce succès, les habitants de Fasayel nous ont fait confiance, et ont repris espoir. Nous avons ensuite construit une petite clinique, ouverte trois jours par semaine de 7h à 14h. En dehors de ces horaires, les gens doivent aller jusqu’à Jéricho en cas d’urgence, à une distance de vingt-cinq kilomètres (cinquante aller-retour), ce qui est très contraignant, d’autant qu’il n’y a pas de transport en commun reliant Fasayel aux villes palestiniennes. Puis nous avons établi une connexion à l’électricité et des tuyaux pour l’eau pour tout le village, avec l’aide de l’ambassade de Norvège. Enfin, nous avons construit plus de cinquante maisons en briques de terre, pour permettre aux gens de revenir au village. Grâce à cette campagne et à tous ces changements et améliorations de leurs conditions de vie, les gens de Fasayel ont retrouvé leur motivation à résister à l’occupation, et certains ont aujourd’hui reconstruit de vraies maisons à Fasayel el Foqa.

Notre campagne pour Fasayel est une vraie réussite sur le long terme, mais il reste beaucoup à faire pour palier aux nombreux problèmes auxquels les gens doivent faire face quotidiennement.

Pourquoi nous avons choisi Fasayel dans le cadre de notre campagne pour le droit au mouvement dans la vallée du Jourdain

Nous nous soucions aujourd’hui du droit au mouvement pour les habitants de Fasayel. En effet, la rue principale du village n’a pas de revêtement entre Fasayel el Wosta et Fasayel el Foqa, car du fait qu’elle soit en Zone C, les Israéliens interdisent tout travaux pour la réhabiliter. Cela pose un problème sérieux, notamment lorsqu’il pleut, car cette route faite de terre et de roches se transforme alors en véritable wadi, qui récupère toute l’eau arrivant des montagnes du désert. Cela peut être très dangereux, il est malheureusement déjà arrivé que deux enfants soient emportés par les eaux.

De plus, jusqu’à présent aucun transport en commun ne vient jusqu’à Fasayel el Wosta et Fasayel el Foqa, ce qui ne laisse pas aux gens d’autre choix que de marcher, parfois plus de trois kilomètres, sous le soleil ou sous la pluie. Fasayel étant situé dans la vallée du Jourdain, les températures peuvent atteindre en été plus de cinquante degrés. Marcher dans de telles conditions peut être très dangereux, surtout pour les enfants ou les femmes enceintes.

A la suite de notre formation sur la loi internationale dédiée aux jeunes activistes de Fasayel et de Jiftlik (mai 2014), le groupe participant a choisi parmi trois propositions de campagnes celle pour Fasayel, afin de défendre le droit au mouvement de sa population.

OBJECTIFS PRINCIPAUX

  • Réparer la route principale de Fasayel, et la revêtir d’asphalte.
  • Permettre aux jeunes activistes d’apprendre à être leaders d’une communauté, et à mener une campagne.
  •  

RESULTATS ATTENDUS

Rendre la vie quotidienne des habitants de Fasayel plus facile :

  • La route sera praticable et sûre, même en temps de pluie

  • Les agriculteurs de Fasayel pourront exporter leurs produits plus facilement

  • Les transports en commun pourront venir jusqu’en haut du village. Ainsi, tout le village de Fasayel sera finalement connecté aux autres villes et villages palestiniens de la région.

  1. Sensibiliser les gens à leur droit au mouvement, et à la possibilité d’agir pour défendre ce droit.

  2. Faire savoir aux ONG et aux organisations internationales qu’il est possible de faire de tels projets, même dans les Zones C.

ETAPES

Première étape : attirer l’attention des médias (TV, journaux) sur notre campagne, afin qu’ils s’intéressent à la situation globale de la vallée du Jourdain et à celle plus particulière de Fasayel. Nous publierons également cette campagne sur le site internet de Jordan Valley Solidarity afin d’en informer nos amis palestiniens et internationaux, ainsi que les ONG et OIG.

Seconde étape : Réparer la route (cinq jours – juin 2014)

Troisième étape: Informer la population et les communautés de la vallée du Jourdain de cette campagne, et les inviter à se joindre à nous.

Cinquième étape : revêtir la route d’asphalte (2015)

Sixième étape : demander aux ONG et organisations internationales de reproduire de tels projets pour d’autres communautés de la vallée qui font face aux mêmes problèmes.

Septième étape : organiser une réunion avec tous les participants de la campagne pour le droit au mouvement de Fasayel et faire un bilan (recevoir leurs remarques, et réfléchir ensemble à comment continuer dans le futur)

COMITE D’ORGANISATION

Walid ANABOSSE

Haneen IQTISHAT

Abdallah MAHMOUD

Omar ABAYAT

Fadya NAWAWRE

Hussein ALI

 

 

 

 

 

BUDGET (Uniquement pour la première phase : réparer la route (cinq jours – juin 2014) )

 

 

Matériel

Prix à l’unité  (NIS)

Quantité

Total (NIS)

Ciment

250

5m3

1 250

Réservoirs d’eau

100

5 tanks

500

Bulldozer

120/h

5heures

600

Gravier

150/remorque

5 remorques

750

Ouvriers (3)

100/jour/pers

5 days

1 500

 

 

TOTAL

4 600