La semaine dernière, de nouvelles démolitions se sont produites au village de Fasayil dans la vallée du Jourdain. La première démolition a eu lieu non loin de la route principale menant à Fasayil. La première famille victime de ces démolitions n’avait reçu aucun avertissement. La majeure partie de leurs biens a été éparpillée au travers du terrain adjacent.

D’après la famille, l’ICRC (Comité International du Croissant Rouge) n’a pas jugé bon de leur accorder l’aide d’urgence car ces derniers auraient supposément un endroit où dormir. Cependant la famille rapporte qu’ils devaient dormir dehors car aucune aide ne leur avait été accordée. Une autre famille de Fasayil a témoigné sa frustration vis-à-vis du manque d’action  de certaines organisations humanitaires telles que UN OCHA, UNRWA. En effet après avoir visité le site, aucune d’entre elles n’a jugé bon de leur fournir d’assistance immédiate.  La famille a rapporté être « triste et frustrée » par le manque de communication de la part de ces organisations. Un volontaire du mouvement pour la Paix leur aurait offert une tente pour leur venir en aide.

La deuxième démolition s’est produite le même jour. C’était la 11ème démolition dont a été témoin Ibrahim, le père de famille. La famille en question aurait passé la nuit sous un arbre après la démolition.

Selon les deux familles, après la destruction du quartier, les autorités israéliennes ont refusé de reconnaitre leur responsabilité prétextant  que cela ne relevait pas d’eux de reloger les habitants, et qu’ils n’avaient qu’à « dormir sur la route ». Personne n’est tenu responsable de ces démolitions et aucune réponse n’a été apportée aux sinistrés.

Les démolitions récurrentes de divers bâtiments dans les villages palestiniens situés dans la zone C constituent un problème de longue date qui s’est généralisé dans la vallée du Jourdain. D’autres infrastructures importantes ont aussi été prises pour cible fréquemment. En octobre, le quotidien Haaretz a rapporté qu’environ 2000 personnes avaient été touchées par les démolitions qui ont eu lieu cette année dans la vallée du Jourdain, les forces israéliennes ayant pris pour cible les réseaux d’eaux qui approvisionnent les communautés locales.

Le principal argument avancé pour la destruction de ces structures est l’absence de permis de construire de leurs propriétaires. Cependant, comme l’explique B’tselem, l’administration civile israélienne interdit toute construction dans la majorité de la zone C. Ainsi, la plupart des habitants n’ont pas d’autre choix que de construire leurs habitations sans permis. Parmi les raisons expliquant cette situation, de larges zones sont définies comme étant des terres d’Etat, des zones de reconnaissances, des zones de tirs, des zones d’entrainements militaires ou encore des parcs naturels. Souvent les terres sont inclues dans la juridiction des colonies et des terrains agricoles adjacents. Les palestiniens ont ainsi l’interdiction de construire dans 70% de la zone C. Le rapport précise que toute construction dans les 30% restants de la zone doit être autorisée par l’administration civile israélienne. Ces autorisations sont extrêmement restrictives, jusqu’à lors plus de 90% des requêtes ont été refusées.

Selon le quotidien Haaretz, dans la seule vallée du Jourdain, l’administration israélienne a détruit 780 structures palestiniennes en 2016, contre 453 en 2015. Le nombre de palestiniens qui ont perdu leurs maisons et leurs quartiers à causes des démolitions s’élève à 1129 cette année, contre 580 en 2015.