Une belle victoire contre une vilaine injustice
Il n’a pas été facile d’aborder les souffrances de trente ans de vie difficile. Les gens ne savent pas comment c’est de vivre à proximité des colonies, voyant chaque jour de sa vie ses terres et son pays tout entier sous occupation.
Suleiman a trente ans, il a quatre filles et un fils dans la région de Marjah. Il a toujours respiré entre la mort et de l’injustice, marchant sur le chemin du pâturage des moutons depuis l’âge de neuf ans, dédiant sept heures chaque jour à son travail. La vie est difficile, mais c’est aussi un mélange d’espoir, de foie, et de paix, représenté dans son ensemble par les rêves de Suleiman. Il adore la musique et, dans sa jeunesse, il passait des heures à jouer d’un instrument et à écouter la radio.
Il a poursuivi: « Je rêve de devenir mécanicien. J’ai pris un vieux tracteur et je l’ai réparé, et j’ai fait la même chose avec une vieille moto. »
Jusqu’à quels points et quelles conditions les Palestiniens veulent-ils et peuvent-ils vivre et rêver malgré la douleur?
Suleiman est devenu ouvrier du bâtiment à l’âge de 20 ans et il était satisfait de son travail. Plus tard, il a réussi à obtenir un permis de conduire et a travaillé comme chauffeur pendant un certain temps.
Mais la question reste: peut-t-il vivre em paix près d’une colonie? Qu’est-il arrivé?
Il a poursuivi lentement: «C’était le 2 février 2018, c’était un vendredi. J’ai pris le petit déjeuner avec ma femme et mes enfants, de l’huile d’olive, du thym, du beurre traditionnel et du thé, puis je suis allé faire paître les moutons, mon frère était dans une zone voisine . «
Suleiman était assis et pensait à la vie, à l’incertitude pour l’avenir. Il n’avait aucune idée de ce qui allait se passer et comment cela impacterait sa vie.
Soudain, trois colons de la colonie proche de Moftah Jeriko sont arrivés et ont commencé à lui crier dessus, lui demandant de partir et le menaçant de voler ses moutons. Suleiman pensait qu’ils ne viendraient que pour lui faire peur; il n’est pas étrange qu’un Palestinien puisse se retrouver devant trois colons armés. À un moment donné, l’un d’eux sorti une arme et lui tira deux balles dans la jambe. Après cela, bien sur, les trois criminels ont fui par peur et par lâcheté, sans apporter aucune aide.
Suleiman a essayé d’appeler son frère, mais il n’y avait aucun signal dans le secteur.
Par miracle son frère est finalement arrivé. Il l’aurait transporté avec son âne jusqu’au village d’Arab Al Kaabna “j’ai senti mês jambes lourdes et j’ai perdu conscience” disait-il.
Ô Salomon! N’ont-ils pas compris que vous êtes un être humain? Ces yeux se fermèrent et s’ouvrirent à la lumière de l’ambulance et des couleurs.
Et Suleiman a tenu jusqu’à son arrivée à l’hôpital de Ramallah ne ressentant que douleurs dans ce moment de résistance. De Ramallah, ils ont décidé de le transporter à l’hôpital ennemi, Hadassah, à Jérusalem. Il est entré dans la salle d’opération et a perdu une nouvelle fois connaissance.
Il a poursuivi son histoire douloureuse: « Je suis sorti de la salle d’opération du service orthopédique. Le traitement a duré un mois entier, après quoi ils ont décidé de me couper la jambe à cause de la gangrène. »
Qu’est-il arrivé après ça? Soixante-dix de ses moutons sont allés payer son traitement.
Comment Suleiman et sa famille ont-ils pu se débrouiller après ce qui s’est passé et la perte des moutons? Suleiman n’a pas abandonné. Il eut une idée: en profitant de son talent de mécanicien, il fabriqua une caravane avec une vieille camionnette, et l’utilisa comme boutique itinérante pour gagner sa vie. La camionnette est devenue une figure attrayante dans la rue de son village, vendant des rêves auxquels il espère revenir.
Ses rêves étaient de retrouver ses moutons et d’avoir une jambe. La campagne Save the Jordan Valley avec nos amis de la Société germano-palestinienne a collecté la somme nécessaire pour acheter une nouvelle prothèse. Cela n’a pas été facile, mais maintenant l’un des rêves de Suleiman est devenu réalité, et il peut escalader des montagnes et aller facilement où il veut. Nous avons triomphé de l’injustice et nous sommes fiers de cette victoire. Nous ne pouvons pas réparer les dégâts causés, mais nous pouvons améliorer les conditions de vie… Une belle victoire, qui rend un homme un peu plus heureux.