Les Forces Israéliennes envahissent la Vallée du Jourdain dans le cadre de l’exercice militaire « Austere Challenge 2012 »
Une Résistance inébranlable dans la vallée du Jourdain, malgré le spectacle des forces militaires
Depuis la fin du mois d’Octobre, un important exercice de défense antimissile, comprenant des manœuvres de chars lourds ainsi que des entraînements aériens, a eu lieu dans toute la Vallée du Jourdain.
Ces entraînements s’inscrivent dans l’exercice de défense américain-israélien intitulé «Austere Challenge 2012 » (défi sévère). Ils se déroulent plus particulièrement dans le nord de la Vallée, illégalement proclamée zone de tir.
Des expulsions forcées de communautés bédouines
Les communautés palestiniennes habitant dans la vallée du Jourdain ont dû supporter ces activités militaires chez eux, sur leurs terres agricoles, où ils font habituellement paître leurs troupeaux. Ainsi, ils ont subis le trafic militaire incessant de chars, d’avions, d’hélicoptères, de troupes innombrables, de jeeps et de camions se déplaçant à proximité des maisons. Des collines entières, habituellement occupées par les bergers et leurs troupeaux, ont été transformées en camps militaires temporaires, venant en soutien aux bases permanentes des Forces d’Occupation Israéliennes (FOI). De vastes zones ont été détruites au bulldozer afin d’y construire des routes. De plus, le fond sonore normalement paisible de la vallée était altéré par des exercices de tirs à longue portée, des détonations, des essais de missiles, le bruit retentissant des déplacements de militaires et des allers retours incessants d’hélicoptères et d’avions.
Les communautés bédouines des régions du nord particulièrement touchées.
Suite aux ordres d’évacuation émanant des FOI afin de mener à bien leurs entraînements, de nombreuses familles ont été temporairement déplacées, d’autres définitivement. Certains ordres d’évacuation s’étendent jusqu’au 31 Décembre 2012. Par ailleurs, des instructions orales ont indiqué une durée potentielle de ces entraînements pouvant aller jusqu’à six mois, soit jusqu’en avril 2013. Les ordres d’évacuation émis menacent également de confiscation les biens et les animaux de ces familles et stipulent qu’ils seront redevables d’amendes pour les récupérer, s’ils ne respectent pas les consignes données.
Bien que de nombreuses familles soient restées sur leurs terres, un certain nombre d’entres elles ont dû envoyer leurs enfants vivre chez des membres de leur famille à l’extérieur de la zone, tandis que d’autres ont cherché de nouveaux logements dans le voisinage. En ce début de saison des pluies, le déplacement des familles avec leurs biens, leurs animaux, et la reconstruction de maisons est rendue particulièrement complexe. Cette dernière attaque s’inscrivant dans un contexte de restriction d’accès à l’eau, à l’électricité et aux commodités de base des communautés bédouines vivant dans la zone C ; et de refus d’accès à l’éducation et à la santé, est une articulation flagrante au plus large plan israélien visant à transférer de force les communautés de leurs terres sur lesquelles ils habitent, cultivent et vivent depuis des générations.
L’impact
Entre le 6 et 13 Novembre, les communautés d’Al Maleh, Ras al Ahmar, Khirbet Humsa, Khirbet Yarza et Ibziq ont assisté à des opérations de grande envergure entraînant le déplacement de nombreuses familles pendant de longues périodes, dans le froid et sous la pluie. Des centaines de famille ont dû supporter des opérations militaires de grande envergure sur leurs terres.
Le 6 Novembre, les membres de la communauté à Ras al Ahmar ont reçu l’ordre d’évacuer le village pour toute la journée du 11 Novembre, et certains pour les 3 semaines suivantes. Le 11 Novembre, à 6h du matin, une vingtaine de familles ont été escortées par les FOI hors de leurs terres. Des exercices militaires, y compris avec des dénotations d’explosifs et des essais de missiles, ont eu lieu toute la journée à proximité de leurs maisons.
Le 7 Novembre, la grande majorité des familles d’Al Maleh (30 sur 41) ont reçu des ordres d’évacuation. Deux fois plus d’ordres d’évacuation ont été remis, le 8 et le 11 Novembre, les FOI ont demandé aux habitants de quitter la région, d’aller au moins au-delà de Tayasir, et de ne pas revenir. Le 12 Novembre, tandis que d’importants exercices militaires avaient lieu dans tout le village, les familles sont restées cloîtrées dans leurs maisons, ne sachant pas ce qui allait se passer.
Les entraînements ont également affecté les habitants de Khirbet Yarza et les terres environnantes. Le 11 Novembre, les soldats sont venus au village avec des chiens et une quantité innombrable de voitures pour un exercice. Ce jour là et le suivant, les routes de Tayasir, Aqaba Al ‘et Tubas ont été fermées, ce qui a bloqué pratiquement tous les accès au village. Depuis lors, les habitants subissent une forte présence militaire dans la région. Il a été demandé, oralement, aux membres de la communauté de quitter la région, on les a également informé que les entraînements se poursuivraient pendant six mois.
Toutes les familles sont restées sur leurs terres et continueront de le faire.
L’après-midi du 11 Novembre, les entraînements se sont déroulés dans la plaine Al Ibqe’a touchant la communauté bédouine de Khirbet Humsa. Certains habitants ont dû chercher refuge dans le village voisin d’Al Hadidiya durant l’exercice. Des résidents ont relaté que des dizaines voire des centaines de chars ont traversé la région, un avion de taille conséquente a atterri et de nombreux hélicoptères ont contrôlé en premanence l’espace aérien.
Les 12 et 13 Novembre, les entraînements ont eu lieu dans les zones environnantes ‘Ein al Hilwa. Aucun ordre n’avait été donné aux familles. Cependant, celles ci ont rapporté que les FOI ont campé à proximité de leurs maisons, et que des traces récentes de véhicules ont été constatées dans les collines environnantes, à quelques mètres de l’endroit où la maison de la famille d’Ali Ahmad Bani ODH a été démolie le 31 Octobre.
Une infraction au droit international
Indiscutablement, les FOI utilise «Austere Challenge 2012» comme prétexte, non seulement pour intimider et harceler la population, mais surtout pour déplacer par la force les communautés palestiniennes de la Vallée du Jourdain – contrairement à la Convention de Genève.
L’article 49 de la Quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils des Etats stipule que le transfert forcé de populations d’un territoire occupé est interdit, sauf si une évacuation est nécessaire afin d’assurer «la sécurité de la population ou d’impérieuses raisons militaires l’exigent. » De toute évidence, le transfert de population par la force ne peut être justifié que dans des situations d’hostilité, et ce seulement pour la durée des hostilités, ce après quoi la population doit être autorisée à retourner à sur son lieu d’origine.
Les entraînements des FOI ne peuvent pas et ne justifient pas les transferts forcés, ils sont alors illégaux s’ils sont appliqués.
Le droit des communautés palestiniennes de vivre sur leurs terres est primordial – toutes les heures de déplacement sont à tous les égards inacceptables, cette violation du droit international par l’Autorité militaire israélienne doit donc être prise en compte.
Le projet de colonisation israélienne
De toute évidence, «Austere Challenge 2012» ou non, la Vallée du Jourdain continue de servir de terrain d’entraînement militaire pour les FOI.
Malheureusement, les entraînements militaires, ainsi que les dangers et impacts collatéraux qu’ils engendrent sur les palestiniens, n’est pas hors de l’ordinaire dans la Vallée du Jourdain. Des bases militaires y sont implantées et, en plus des périodes d’entraînement intensif comme «Austere Challenge 2012 » des exercices d’entraînement ont lieu régulièrement à proximité de zones d’habitation, ignorant totalement leur existence. Inutile de dire que des entraînements aussi proche de civils sont extrêmement dangereux, et de nombreuses fois des Palestiniens ont été blessés ou sont morts à la suite d’exercices de tirs ou par des mines abandonnées sur leurs terres.
L’affirmation du contrôle militaire et l’utilisation intensive de la vallée du Jourdain à des fins militaires – couplées à l’agression quotidienne qui est exercée envers les Palestiniens y habitant- démontrent clairement l’intention d’Israël de se saisir de chaque mètre carré de terre palestinienne dans la Vallée du Jourdain, et d’y dépeupler la région afin de préparer l’annexion.
La détermination des communautés palestiniennes à rester dans leur pays ne peut pas et ne sera jamais défiée.