Two of the dead sheep Depuis jeudi, le 10 0ctobre 2012, soixante-trois moutons sont morts empoisonnés, après avoir mangé du pain, laissé par les colons près de la colonie de Peza’el.

Le troupeau de Mahmoud Akef Da’jneh, un berger de 44 ans et père de dix enfants vivant à Fasayil Al Fauqa, comptait 90 moutons avant l’incident.

Sur les vingt sept moutons survivants, quatre d’entres eux sont toujours dans un état critique.

Ce jeudi 10 octobre, deux des enfants d’Akef faisaient paître le cheptel de la famille. Vers midi, les moutons ont mangé du pain qui avait été laissé sur les terres, près de la colonie de Peza’el. Le soir de retour à la maison, la famille s’est rendu compte que leurs animaux étaient malades, et ils ont alors appelé un vétérinaire de Naplouse. Le vétérinaire leur a administré de nombreuses injections et des médicaments, mais en vain. Le soir même, pendant la nuit, du vendredi au samedi, la grande majorité de leurs moutons sont morts.

Au vu de la rapidité avec laquelle les animaux ont succombé, l’inefficacité du traitement médical, les circonstances de leur mort et les autres événements similaires qui ont pu se produire auparavant, il est très clair que les moutons ne sont pas morts d’une maladie ordinaire.

Les confiscations du bétail et les crimes commis envers ces animaux, sont le reflet du harcèlement quotidien, dont sont victimes les Palestiniens de la Vallée du Jourdain. Cela fait partie de la campagne visant à porter atteinte à la vie des communautés vivant en zone C.

La famille de Mahmoud Akef Da’jneh, qui a été un berger toute sa vie, seul, a enduré des violences similaires à plusieurs reprises.

En 2004, Akef a perdu huit vaches, trois ont été tués par des colons et cinq par des soldats israéliens. Bien qu’il ait porté l’affaire devant les tribunaux israéliens, il lui a été dit à chaque fois de «revenir un autre jour », et aucun des auteurs n’a été tenu pour responsable de ces actions.

De même, en 2010, un des voisins d’Akef faisait paître ses moutons, quand les colons lui en ont volé trois, près de la route principale. Lorsqu’il a essayé de s’en prendre à eux, ils ont pointé une arme sur lui, ils ont alors pu s’accaparer les animaux sans problème.


Bien que le ministère palestinien de l’Agriculture à Jéricho soit conscient de cet aspect particulier de l’occupation, et qu’il ait été largement documenté par les médias internationaux, aucune mesure concrète n’a été prise pour protéger les communautés Palestiniennes.

A la suite de cet incident, les bergers laissant paître leurs moutons dans la même zone, craignent que leurs troupeaux soient également touchés par ce poison. De ce fait, ils sont, une fois de plus, limités dans leur accès aux terres, pourtant crucial pour la survie de leur bétail, afin de subvenir à leurs besoins.

Les communautés palestiniennes de Fasayil font l’objet d’harcèlements fréquents et d’attaques, tant de la part de colons que des forces d’occupation. Ils sont victimes de démolitions de maisons à répétition et l’accès à l’eau, ainsi qu’à l’électricité, leur sont interdits. Dans une tentative de légitimer cela, l’administration militaire israélienne a déclaré, tous les espaces libres de pâturage, «zones militaires fermées».

Environ 2000 Palestiniens vivent à Fasayil al Tahte, Fasayil al Wusta et al Fasayil Fauqa, mais ils perdent, peu à peu, de plus en plus de leurs terres, au profit des colonies se situant à côté: Tomer et Paza’el. Une seule de ces communautés, Fasayil al Tahte, a été délimitée «zone B» en vertu des accords d’Oslo, donnant aux habitants des droits très limités dans l’accès aux services et à des infrastructures, fournis par l’Autorité palestinienne (routes, eau, électricité, écoles, etc.) Les deux autres communautés, et toutes les terres qui les entourent sont en zone C, les forces d’occupation israéliennes ayant ainsi un contrôle complet et illimité sur la zone.

Ces communautés pensent que les forces d’occupation tentent de les forcer à quitter leurs terres, pour les pousser à tous s’installer en «zone B». Cela reviendrait à les faire vivre dans un ghetto surpeuplé sans terre à cultiver pour subvenir à leurs besoins. Ils deviendraient ainsi encore un peu plus une main-d’œuvre flexible et peu onéreuse pour les colonies qui ont pris leurs terres.